En tant que particulier, vous avez peut-être déjà été confronté, ou craignez de l’être, aux dégâts causés par la sécheresse sur votre habitation. Ces dommages, souvent synonymes de fissures, peuvent être lourds de conséquences. Comprendre les mécanismes en jeu est essentiel, surtout lorsqu’il s’agit d’expertises dites « CATNAT » (Catastrophes Naturelles).

 

Le Retrait-Gonflement des Argiles (RGA) : Le cœur du problème

 

Le principal responsable des désordres liés à la sécheresse est le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA). Nos sols, en particulier dans des régions comme le Vaucluse, le Gard, l’Ardèche et les Alpes, contiennent souvent une proportion significative d’argiles. Ces minéraux ont la particularité de réagir fortement aux variations de teneur en eau :

  • En période de sécheresse prolongée : Le sol argileux se déshydrate. L’eau qu’il contient s’évapore, provoquant une contraction du sol. C’est le « retrait ».

  • Lors du retour des pluies intenses : Le sol se réhydrate brusquement. L’argile absorbe l’eau et gonfle, c’est le « gonflement ».

Ce cycle de retrait-gonflement entraîne des mouvements de terrain qui peuvent être très importants. Si votre maison est construite sur un sol argileux sensible et que ses fondations ne sont pas adaptées à ces variations, elle subit des contraintes différentielles. Une partie de la maison s’affaisse tandis qu’une autre reste stable, ou au contraire, remonte. C’est ce qui génère les fissures caractéristiques, souvent en escalier ou en X, sur les murs, les dallages, et même les structures.

 

Pourquoi les particuliers sont-ils concernés ?

 

Historiquement, de nombreuses constructions, en particulier les maisons individuelles, ont été réalisées sans étude géotechnique approfondie ou avec des fondations inadaptées aux spécificités des sols argileux. Les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et intenses, liés au changement climatique, mettent aujourd’hui en évidence cette vulnérabilité.

Face à l’ampleur des dégâts, le régime des Catastrophes Naturelles (CATNAT), encadré par l’État, permet aux sinistrés d’être indemnisés par leur assurance. Pour cela, un arrêté interministériel doit reconnaître l’état de catastrophe naturelle pour la commune et la période concernées. C’est à partir de cette reconnaissance que les diagnostics et expertises « CATNAT » prennent tout leur sens pour évaluer les dommages et la prise en charge.

 

Un facteur aggravant : les terrains en pente

 

L’impact de la sécheresse est souvent plus marqué sur les terrains en pente. Voici pourquoi :

  • Ruissellement accéléré : Sur un terrain en pente, l’eau de pluie ruisselle plus rapidement et s’infiltre moins en profondeur, surtout en cas d’averses intenses après une période sèche. Cela accentue le contraste entre les zones sèches et les zones réhydratées, favorisant les mouvements différentiels du sol.

  • Contraintes asymétriques : Une maison construite sur une pente subit déjà des contraintes asymétriques dues à l’appui des terres en amont et à la portance différente en aval. La sécheresse peut aggraver ces contraintes, entraînant des tassements différentiels plus importants et des fissurations plus sévères. Les fondations situées en amont et en aval de la pente ne sont pas exposées de la même manière aux variations hydriques, ce qui crée des tensions accrues sur la structure.

  • Stabilité globale : Les sols en pente sont naturellement plus sujets aux mouvements de terrain (glissements, tassements) que les terrains plats. La combinaison sécheresse-réhydratation peut déstabiliser davantage ces terrains, augmentant le risque de désordres structurels.

 

Des exemples dans nos régions :

 

  • Vaucluse et Gard : Ces départements, avec leurs vastes zones de plaines et de collines, sont particulièrement exposés aux argiles gonflantes. Les épisodes de sécheresse estivale, suivis de pluies cévenoles intenses, créent des cycles de RGA très prononcés, impactant de nombreuses habitations.

  • Ardèche : Si le nord de l’Ardèche est plus granitique, le sud (Ardèche méridionale) présente des formations argileuses et marneuses sensibles, où les phénomènes de sécheresse-réhydratation peuvent causer des fissures, notamment sur les terrains en pente des vallées.

  • Alpes (Drôme, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) : Même en montagne, les zones de piémont et certaines vallées peuvent présenter des formations argileuses ou des colluvions sensibles. De plus, les variations d’humidité y sont parfois plus brutales entre les versants ensoleillés et ceux à l’ombre, ou entre les périodes de forte fonte des neiges et les étés arides, exacerbant les problèmes sur les constructions en pente.

En résumé, la sécheresse n’est pas qu’une absence d’eau. C’est un phénomène géologique complexe qui, combiné aux particularités de nos sols et de la topographie (surtout en pente), peut sérieusement menacer la stabilité de nos habitations. Une expertise géotechnique est alors cruciale pour comprendre l’origine des désordres et envisager les solutions adaptées.